Buses antidérive 90% : outil essentiel pour une pulvérisation responsable
Fonctionnement des buses antidérive
L’utilisation de buses antidérive est aujourd’hui la technologie la plus répandue pour réduire la dérive lors des traitements phytosanitaires. Ces buses permettent d’homogénéiser la pulvérisation et de produire des gouttelettes adaptées, réduisant ainsi fortement leur dispersion dans l’air.
Avantages agronomiques et environnementaux
Les buses à injection d’air à 90 % de réduction de dérive, notifiées sur la liste officielle des buses homologuées « réduction des ZNT », présentent un double avantage pour les herbicides racinaires utilisés en prélevée : elles préviennent la contamination de l’air et de l’eau tout en garantissant une très bonne efficacité. En effet, la taille des gouttes permet de diminuer la dérive tout en maintenant l’efficacité attendue, et le volume de bouillie par hectare n’a pas d’incidence sur la performance des herbicides racinaires.
Intérêt réglementaire et sécuritaire des buses anti-dérives
Au-delà de leur intérêt technique, ces buses sont essentielles pour répondre aux exigences réglementaires, limiter l’impact environnemental et assurer la sécurité de l’applicateur et du voisinage, tout en maintenant une efficacité agronomique optimale.
Réglementation en vigueur sur l'utilisation des produits phytosanitaires (depuis novembre 2023)
Prosulfocarbe : un herbicide sous surveillance renforcée
La réglementation encadrant l’utilisation des produits phytosanitaires s’est largement renforcée ces dernières années, avec notamment l’obligation d’utiliser des buses antidérive pour l’application de prosulfocarbe. En effet, le prosulfocarbe est la deuxième substance active herbicide la plus vendue en France et fait l’objet d’un suivi dans le cadre de la phytopharmacovigilance (ANSES) suite à la contamination de cultures voisines non-cibles. La buse antidérive, officiellement reconnue par les autorités, est le moyen le plus efficace pour réduire la dérive de pulvérisation.
Pourquoi limiter la dérive de pulvérisation est indispensable
La dérive de bouillie lors de l’application de produits phytosanitaires doit être évitée tant que possible. En effet, en cas de dérive, les fines gouttelettes de bouillie peuvent en effet se retrouver à des endroits indésirables. La présence de produits phytosanitaires dans les eaux de surface ou sur des cultures voisines de la parcelle traitée risque de causer des dégâts. Par ailleurs, ces gouttelettes peuvent aussi se traduire par la présence de résidus sur des cultures alimentaires.
Nouvelles restrictions applicables depuis le 1er novembre 2023
Depuis le 1er novembre 2023, de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur pour encadrer son usage :
- Utiliser un dispositif antidérive lors de l’application, principalement des buses à injection d’air, en se référant à la liste tenue à jour par le ministère chargé de l’agriculture.
- Respecter une distance de 20m avec un dispositif homologué réduction de dérive ou utilisation de buses antidérive ou 10m si utilisation de buses homologuées pour réduire la dérive d’au moins 90 %, vis-à-vis des personnes présentes, zones d’habitations et activités
- Attendre la récolte de cultures non cibles dans un rayon de 1 km : cultures fruitières (pommes, poires), légumières (mâche, épinard…), médicinales (bardane, cardon, chicorée…) et autres (sarrasin, quinoa, chia, millet, moha, sorgho).
Témoignages d’agriculteurs et retour terrain
Sur la campagne 2023-2024, Fermes LEADER, en collaboration avec Syngenta, a lancé une évaluation pour mieux comprendre les besoins des agriculteurs et faciliter l’adoption des buses à réduction de dérive 90 %, sur le terrain. Cette évaluation visait plusieurs objectifs stratégiques, notamment la mise en situation de ces buses afin d’évaluer leur facilité d’installation et d’utilisation, ainsi que les bénéfices et la rentabilité pour les exploitants agricoles.
Un an et demi plus tard, un bilan a été réalisé avec les agriculteurs ayant participé au projet. Leurs retours mettent en avant plusieurs constats :
- Un niveau de satisfaction stable, sans baisse d’efficacité observée.
- Un réglage des buses jugé plus facile pour adapter la pulvérisation.
Certains agriculteurs ont poursuivi l’utilisation des buses en 2024, notamment avec le prosulfocarbe, et se disent toujours satisfaits. Elles ont également été utilisées au printemps, par exemple pour le désherbage des betteraves, dans des conditions souvent venteuses. La bonne maîtrise du réglage a permis d’obtenir la taille de gouttes souhaitée.
Chez ceux qui n’ont pas poursuivi l’expérimentation, plusieurs raisons sont évoquées :
- Une gestion compliquée ou tardive du désherbage d’automne.
- Un manque de temps et de praticité, notamment à cause du changement de buses.
- Une consommation d’eau plus élevée et une vitesse d’avancement réduite.
Malgré ces freins, les agriculteurs reconnaissent l’intérêt d’avoir ces buses disponibles, notamment en cas de durcissement de la réglementation. Le prosulfocarbe reste identifié comme un produit pertinent pour continuer à accompagner et encourager l’usage de ces buses 90 %.