AgTech française en 2025 : maturité, rentabilité et essor des biosolutions

Entre consolidation des acteurs et montée en puissance des biosolutions, plongez dans les transformations clés d’un secteur en quête de durabilité économique.

L’écosystème AgTech dans un contexte mondial turbulent

Entre urgence climatique, crise des ressources naturelles et pression économique, l’agriculture doit se réinventer. Dans ce contexte, les technologies agricoles (AgTech ou AgriTech) apparaissent comme l’un des leviers clés pour concilier productivité et durabilité.

Mais face à un marché mondial en contraction, comment se positionne la France ? Analyse d’un écosystème en pleine maturation, entre défis et opportunités stratégiques.

L’écosystème AgriTech français se trouve aujourd’hui à un tournant décisif, marqué par une mutation profonde tant au niveau mondial que national. À l’échelle globale, le secteur de l’AgFoodTech subit une réduction notable des investissements.

D’après les données du dernier rapport AgFunder paru début mars 2025, les montants investis dans ce secteur ont progressivement diminué depuis plusieurs années. Ainsi, bien que l’on note une atténuation de la chute en 2024,il faut remonter à 2018 pour retrouver un niveau d’investissement similaire.

Ce constat traduit une relance incertaine, en particulier pour l’amont de la chaîne de valeur, où les investissements sont passés de 10,4 milliards de dollars en 2013 à 8,1 milliards de dollars en 2024. À l’inverse, les segments mainstream et downstream (logistique, transformation, vente) montrent des signes de reprise, à des taux relativement faibles.

Par ailleurs, toutes les verticales de l’AgTech ont subi une réduction des investissements à l’échelle mondiale, y compris les biosolutions, pourtant leader des investissements avec 1,9 milliards de dollars investis en 2024, mais affichant une baisse de 12% par rapport à 2023.

Un phénomène qui ne passe pas inaperçu, est le déclin des Novel Farming Systems : les fermes verticales, les protéines alternatives ou les fermes urbaines, qui subissent une chute de 53 % des investissements depuis 2023. L’exemple symbolique de Ynsect, licorne française placée en redressement judiciaire, illustre les difficultés du secteur.

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Le marché Agritech français en 2025 : la fin de l’innocence et l’avènement du pragmatisme

Sur le plan national, l’AgriTech se caractérise par une phase de consolidation marquée par une dynamique de financement contrastée. Avec 180 millions d’euros levés en 2024 (-38,5 % vs 2023), l’AgTech française n’échappe pas au ralentissement. Mais derrière ces chiffres se cache une dynamique de maturation, conforme à la courbe de Gartner appliquée à l’innovation.

courbe de Gartner
Source : BMC - Gartner Hype Cycle

Après une phase de « peak of inflated expectations » qui a vu naître des engouements parfois démesurés en 2021-2022, le secteur traverse une période de désillusion – le « trough of disillusionment » – où les promesses technologiques se heurtent à la réalité du terrain. Aujourd’hui, les acteurs semblent amorcer un redressement tangible, c’est le début du « slope of enlightenment », étape durant laquelle les solutions innovantes commencent à prouver leur valeur réelle et la rentabilité de leurs modèles économiques. Ce mouvement de maturité contribue à une consolidation de l’écosystème, orientée vers des investissements plus prudents et une approche stratégique axée sur la viabilité à long terme.

Toutefois, ce contexte global de baisse masque certaines exceptions remarquables. Ainsi, le secteur des biosolutions se démarque avec 94 millions d’euros levés, tandis que la robotique et l’automatisation enregistrent également une légère progression, avec 16 millions d’euros levés.

Cette situation s’explique en partie par une évolution dans la répartition des investissements. On observe une chute vertigineuse de 70% des financements en phase d’amorçage pour des startups de moins de deux ans, contrastant fortement avec une explosion des investissements dans des entreprises plus matures, celles âgées de 6 à 10 ans, dont les financements sont passés de 58 à 204 millions d’euros en un an, soit une hausse de 254%.

Ce phénomène reflète une préférence accrue des investisseurs pour les startups capables de démontrer un modèle économique solide, au détriment de l’innovation en phase d’amorçage. Par ailleurs, plusieurs opérations de rachat et de croissance externe, telles que les regroupements entre Agryco et Farmitoo ou entre Isagri et Sencrop, traduisent une tendance à la consolidation du secteur.

Dans ce contexte, la priorité des acteurs pour 2025 sera clairement orientée vers la rentabilité, une exigence confirmée par de nombreux entrepreneurs croisés dans les allées du dernier Salon International de l’Agriculture à Paris, qui insistent sur la nécessité de maîtriser les dépenses et de trouver un équilibre économique viable pour préparer de nouvelles levées de fonds.

Biosolutions et robotique : deux piliers de la relève française

Deux secteurs tirent leur épingle du jeu dans ce contexte global : les biosolutions et la robotique. Le secteur des biosolutions s’impose comme un levier essentiel de la transition agroécologique. En effet, ce secteur bénéficie d’un alignement rare entre attentes réglementaires (plan Ecophyto), demande des coopératives et soutien financier.

L’exemple d’Elicit Plant et de Micropep Technologies – ayant levé respectivement 45 et 40 millions d’euros en 2024 – illustre bien la confiance accordée à ce secteur, renforcée par l’engagement de grands groupes industriels tels que Bayer, UPL, FMC et Syngenta, qui misent sur l’innovation ouverte, via des partenariats ou des rachats de startups pour marquer leur présence dans ce secteur d’avenir.

En parallèle, le domaine de la robotique, de l’automatisation et du machinisme, bien que n’ayant pas encore connu un boom d’investissement, présente une croissance régulière, avec des financements mondiaux oscillant entre 500 et 700 millions de dollars par an. En France, avec 16 millions d’euros levés en 2024, la robotique progresse modestement, mais son rôle stratégique est indéniable.

Ce secteur, cependant, doit relever plusieurs défis d’ordre réglementaire, technologique et économique. Le passage à une échelle industrielle, indispensable pour assurer la rentabilité des solutions robotisées, représente l’un des principaux enjeux. En France, des acteurs comme Naio Technologies et Aisprid – qui a levé 10 millions d’euros en 2025 – illustrent ce potentiel tout en répondant à des enjeux cruciaux tels que la réduction de la pénibilité, l’adaptation à la pénurie de main-d’œuvre et la transition vers une agriculture de précision.

Fermes Leader : catalyseur d’une innovation ancrée sur le terrain

Dans cet environnement en pleine mutation, Fermes Leader se positionne comme un partenaire incontournable pour accélérer le déploiement des solutions AgriTech.

En offrant un accompagnement stratégique complet, allant de la définition du positionnement à la réalisation de pilotes et de démonstrations concrètes auprès de coopératives et d’agriculteurs, Fermes Leader facilite l’intégration des innovations sur le terrain.

Son accès à un réseau étendu de coopératives permet aux startups de bénéficier de retours utilisateurs essentiels, adaptant ainsi leurs solutions aux spécificités du marché français. Pour les entrepreneurs en quête d’accélération et désireux de transformer les défis actuels en opportunités, Fermes Leader incarne le partenaire idéal pour bâtir une agriculture plus durable, compétitive et résiliente.

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Vers une Agritech sobre et axée sur l’impact

Alors que l’écosystème Agitech français est confronté à une baisse des investissements en amorçage et à une phase de consolidation, l’émergence de secteurs porteurs comme les biosolutions et la robotique offre des perspectives prometteuses pour l’avenir. La recherche de rentabilité, conjuguée à une stratégie de consolidation, semble être la clé pour surmonter les incertitudes actuelles et préparer le terrain pour une agriculture innovante de demain.

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